Paris 2024 : le village des athlètes, grand test du bâtiment réversible

A la lisière de Saint-Denis, de L'Ile-Saint-Denis et de Saint-Ouen, une forêt de grues a investi le site qui accueillera, à l'été 2024, les 14.250 athlètes attendus pour les Jeux Olympiques. Si la plupart des bâtiments sortent à peine de terre, d'autres - après un an de travaux -, ont déjà plusieurs étages. Le site grouille d'ouvriers (ils sont environ 1.400) allant et venant sur les trois parcelles du futur village.

La première est le domaine d'Eiffage Immobilier, Nexity et CDC Habitat, la deuxième d'Icade et CDC Habitat et la troisième de Vinci Immobilier. Les pénuries de matériaux causent quelques inquiétudes aux responsables des travaux. Il devient plus difficile, notamment, de s'approvisionner en bardages et garde-corps en acier.

Seconde vie

Mais quoi qu'il arrive, les délais ne doivent pas déraper. La livraison à l'aménageur Solideo est programmée pour fin 2023. Il restera encore quelques mois pour réaliser les aménagements intérieurs en vue de Paris 2024. Mais l'aventure ne s'arrêtera pas là.

L'intérêt de ce projet est d'avoir prévu des bâtiments réversibles, qui pourront changer d'usage et bénéficier d'une seconde vie une fois les médailles distribuées. En France, cela n'avait jamais été réalisé à une telle échelle.

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Pour l'heure, le bâtiment réversible n'a fait l'objet que de quelques expérimentations. Icade l'a testé à Strasbourg avec son programme « Blacks Swans » (cygnes noirs) livré en 2017. Vinci Immobilier développe de petits projets à Lille ou Angers. Nexity doit livrer en 2026 à la Porte de Montreuil, à Paris, trois immeubles de bureaux transformables en logements…

Sur le site du Village olympique, à partir du 1er novembre 2024, une nouvelle phase de travaux dite « d'héritage » démarrera. A son issue, un nouveau quartier sera né avec 150.000 mètres carrés de logements, 90.000 m2 de bureaux, commerces et services, un groupe scolaire, une crèche et des équipements sportifs.

Défis techniques

Eiffage et Nexity ont obtenu cinq permis de construire « double état », leur permettant cette réversibilité, pour cinq îlots regroupant au total dix-neuf bâtiments de cinq à dix étages. Icade réalise 13 immeubles. Vinci Immobilier fait du neuf mais réhabilite aussi deux bâtiments d'un ancien site industriel, la halle Maxwell et le pavillon Copernic.

Pendant les Jeux, ces bâtiments abriteront des salles d'entraînement pour les athlètes, des bureaux pour les équipes de Paris 2024 ou des délégations olympiques, un espace dédié à la presse… En 2026, le ministère de l'Intérieur y transférera - ainsi que dans les immeubles neufs adjacents - 2.500 agents .

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« Cette réversibilité pose de nombreux défis, notamment techniques. Surtout pour les logements d'athlètes qui devront être transformés en plateaux de bureaux. Nous allons mettre en place des salles de bains qui pourront être démontées puis réinstallées dans des résidences étudiantes ou des hôtels. Les cloisons qui vont séparer les chambres et les salons seront démontables… », explique Vincent Louvot, directeur du département aménagement et grands projets urbains chez Vinci Immobilier.

Permis à double destination

Mais la transformation de logements pour sportifs en logements familiaux va aussi poser quelques difficultés. « Nous supprimerons certains ascenseurs pas forcément justifiés dans les petits bâtiments afin de réduire les charges. Nous enlèverons des cloisons et des sanitaires. A l'inverse, il faudra installer des cuisines mais tous les raccordements ont été prévus », raconte Laurent Blanc, directeur opérationnel chez Eiffage Immobilier.

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Grâce à cette opération de reconversion, les promoteurs comptent apprendre pour l'avenir. « Nous aurons des retours d'expérience intéressants sur les idées qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas », poursuit Vincent Louvot.

Ils espèrent aussi un développement plus large du permis de construire à double destination - qui dans ce cas précis a bénéficié d'un décret spécifique. Afin de valider dès l'origine d'un projet un futur changement d'usage, en anticipant l'arrivée à obsolescence d'un bâtiment.

Par Elsa Dicharry

Publié le 15 avr. 2022 à 9:15

Mis à jour le 15 avr. 2022 à 15:59

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