Hautement contre-intuitif. Malgré le bond du prix de la pierre , les Français ont gagné en pouvoir d'achat immobilier dans de nombreuses villes, comme l'explique une récente étude de Vousfinancer. Il faut y voir l'effet de la baisse des taux qui augmente la capacité d'emprunt en réduisant la part des intérêts dans les mensualités du prêt. Selon l'observatoire du Crédit Logement CSA qui fait référence, le taux moyen des crédits immobiliers aux particuliers est passé de près de 4 % début 2012 à 1,07 % en janvier 2022.
Capacité d'emprunt en hausse de 60 %
Ce gain de pouvoir d'achat immobilier, le courtier en prêts l'observe aussi bien pour un particulier ayant des revenus confortables que pour un salarié touchant le salaire minimum de 1.269 euros nets mensuels.
« Grâce à la baisse des taux combinée à la revalorisation du SMIC, la capacité d'emprunt avec le salaire minimum a augmenté de plus de 60 % en 10 ans et de 5 % rien qu'en 2021. Il est désormais possible d'emprunter plus de 107.000 euros sur 25 ans à 1,30 % en gagnant le salaire minimum, contre 66.500 euros en 2012, soit 40.000 euros de plus », souligne par communiqué Sandrine Allonier, directrice des études de Vousfinancer.
Toutefois pouvoir emprunter 60 % de plus ne signifie pas que les salariés au SMIC peuvent systématiquement acheter des logements 60 % plus grands. En effet, la hausse des prix de l'immobilier joue un effet amortisseur. C'est pourquoi, le gain en mètres carrés varie grandement d'une ville à une autre.
Ainsi, « la surface qu'il est possible d'acheter avec un crédit sur 25 ans en gagnant le salaire minimum a augmenté de 73 % à Saint-Etienne, de 67 % à Nîmes ou de 54 % au Mans, et de près de 40 % à Marseille ou au Havre », constate Sandrine Allonier.
Perte de pouvoir d'achat à Rennes
Dans le détail, dans les trois villes où le pouvoir d'achat immobilier est le plus élevé, sur la vingtaine de communes testées par Vousfinancer, il est aujourd'hui possible d'acquérir un 88 mètres carrés à Saint-Etienne, un 68 mètres carrés aux Mans et un 52,5 mètres carrés à Brest pour une personne au SMIC avec un crédit sur 25 ans et 10 % d'apport personnel, comme le recommande le Haut conseil de stabilité financière .
« La seule ville où le pouvoir d'achat du Smic a diminué est Rennes, en raison de l'envolée récente des prix », nuance la porte-parole de Vousfinancer. Dans la capitale de la Bretagne, la hausse de 71 % des prix de l'immobilier en une décennie dépasse la hausse de 60 % de revenus d'un salarié au salaire minimum. Résultat, alors que celui-ci pouvait s'offrir 27,9 mètres carrés en 2012, il doit en 2022 se contenter d'un 26,3 mètres carrés.
« Avec des prix qui varient de 1.215 euros par mètre carré à Saint-Etienne à 10.203 euros par mètre carré à Paris, soit un écart de 1 à 9, les inégalités de pouvoir d'achat immobilier sont très importantes, mais chez les cadres, elles sont partiellement atténuées par les différences géographiques de salaires », constate Vousfinancer. En effet, si le SMIC est le même dans tout l'Hexagone, pour les autres salariés, la rémunération dépend du tissu économique local.
Immobilier : ces villes où le SMIC permet encore d'acheter plus de 50 m²
Situation aussi disparate pour les cadres
Concrètement, un cadre perçoit en moyenne 3.376 euros mensuels à Saint-Etienne, 3.245 euros à Villeurbanne, commune qui touche Lyon, contre 4.127 euros par mois à Aix-en-Provence ou 5.372 euros mensuels en moyenne à Paris, d'après le relevé du courtier qui s'appuie sur des données de l'Insee portant sur 2019.
Bilan : pour les cadres qui remboursent une mensualité équivalente à 33 % de leur salaire mensuel à un taux de 0,95 % sur 25 ans, le pouvoir d'achat immobilier varie de 46 mètres carrés à Paris à près de 245 mètres carrés dans le chef-lieu de la Loire. Pour eux, cela correspond à un écart de seulement 1 à 5 entre ces deux villes extrêmes, contre une différence de 1 à 9 pour un salarié au SMIC.
Néanmoins, en fonction du lieu et du secteur dans lequel ils travaillent, ces salariés aisés n'ont pas tous bénéficié d'une revalorisation de rémunération suffisante pour compenser la hausse des prix. Comme pour ceux touchant le SMIC, c'est à Rennes que la surface achetable a la plus baissé en 10 ans. Pour les cadres rennais, la diminution de superficie atteint 9,2 mètres carrés . Mais, à la différence d'une personne au SMIC, cette perte de pouvoir d'achat immobilier se retrouve également à Toulouse (-2,7 mètres carrés) et à Bordeaux (-0,6 mètre carré).
Par Marie-Eve Frénay
Publié le 11 févr. 2022 à 16:00
Mis à jour le 11 févr. 2022 à 17:37
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