Immobilier : l'étiquette énergétique va peser de plus en plus sur les prix

Jusqu'à présent, l'étiquette énergétique d'un logement (de A à G selon sa consommation d'énergie et son niveau d'émission de CO2) pesait déjà sur son prix de vente en province , dans les zones détendues. Mais quasiment pas en Ile-de-France ou dans d'autres grandes métropoles comme Lyon, Marseille ou Lille, où le déséquilibre est patent entre l'offre et la demande d'immobilier résidentiel, selon l'étude annuelle des notaires sur la « valeur verte » des logements.

La donne devrait changer : la loi Climat et Résilience , adoptée cet été, prévoit d'interdire à la location les logements classés G à partir de 2025, F à partir de 2028 et E à partir de 2034. En outre, dès 2023, les propriétaires-bailleurs auront l'interdiction d'augmenter le loyer d'une « passoire thermique » (logement F ou G) au moment de la relocation ou du renouvellement d'un bail. Assez pour bousculer le marché.

« Mauvais état général »

Depuis la rentrée, les mises en vente de logements les plus énergivores auraient d'ailleurs progressé de manière « inédite », affirmait récemment le site d'annonces immobilières SeLoger. Avec aussi un impact sur les tarifs.

Un constat que ne partagent pas du tout les notaires. Pour eux, il est bien trop tôt pour affirmer que les passoires thermiques affluent sur le marché. Et il n'y a pour l'instant ni effet volume ni effet prix en lien avec les étiquettes attribuées lors du diagnostic de performance énergétique (DPE) , obligatoire dans le cadre de toute transaction.

Immobilier : la loi Climat va-t-elle faire craquer le marché locatif ?
Les notaires constatent en revanche que les acheteurs examinent avec beaucoup plus d'attention qu'avant ce diagnostic. « Aujourd'hui, tout le monde regarde le DPE », indiquait il y a quelques jours Thierry Delesalle, le président de la commission des statistiques immobilières de la Chambre des notaires de Paris. « Cependant, faisait-il remarquer, quand vous avez un logement F ou G, c'est souvent la face apparente de son mauvais état général. Cela signifie que vous aurez aussi certainement à refaire toute l'électricité et la plomberie. »

« Envoyer un signal »

Depuis l'adoption de la loi Climat, la Fédération des agents immobiliers (Fnaim) s'est inquiétée à plusieurs reprises du risque de voir un grand nombre de logements mal notés sortir du parc locatif. Elle a fait valoir que leurs propriétaires n'auraient pas forcément les moyens de les rénover dans les temps malgré les aides comme MaPrimeRénov'.

« Je ne crois pas que l'obsolescence programmée du parc de logements français a été évaluée à sa juste proportion », a encore déclaré son président, Jean-Marc Torrollion, lundi, lors du congrès de la Fnaim.

Transition énergétique : le gouvernement rectifie le tir sur les diagnostics des logements
« Nous serons vigilants sur la capacité à tenir le calendrier de la loi Climat », a rassuré la ministre déléguée au Logement. Emmanuelle Wargon a même promis - si son camp était reconduit lors de la prochaine élection présidentielle -, que ce calendrier pourrait être « adapté » en fonction de l'avancée des travaux de rénovation des logements les plus énergivores.

« Mon objectif n'est pas de sortir des logements du marché. Mais de faire en sorte que les passoires thermiques dans lesquelles on ne peut pas bien vivre puissent être rénovées, a-t-elle souligné. A un moment, il faut envoyer un signal et dire qu'il faut désormais intégrer à la valeur d'un bien sa valeur écologique ». Bref, la « valeur verte » des logements pourrait bien devenir une réalité partout sur le territoire dans un proche avenir.

Par Elsa Dicharry

Publié le 30 nov. 2021 à 12:19 

Mis à jour le 30 nov. 2021 à 16:46

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