Maisons : calendrier serré avant l'entrée en vigueur de l'audit énergétique obligatoire des « passoires thermiques »

Eviter une précipitation dont les effets pourraient s'avérer déplorables. C'est ce que demande la fédération Sidiane des diagnostiqueurs immobiliers. Car un arrêté et un décret publiés le 5 mai au « Journal Officiel » confirment l'entrée en vigueur au 1er septembre 2022 de l'audit énergétique obligatoire des logements dits « passoires thermiques. » Ces maisons et immeubles en mono propriété proposés à la vente avec l'étiquette F ou G selon le diagnostic de performance énergétique (DPE).

Cet audit, qui devait initialement être généralisé au 1er janvier de cette année pour cette catégorie de logements, avait déjà bénéficié d'un premier report . Mais pour Sidiane, un second délai est indispensable, au moins jusqu'au 1er janvier 2023.

Une réunion le 24 mai

L'objectif de cet audit, qui s'étendra aussi aux logements classés E à partir de 2025 et D à partir de 2034, est de s'assurer que tout potentiel acquéreur dispose d'une information précise sur les travaux à réaliser. Ceci afin de parvenir à une rénovation thermique performante et une sortie du bien de la notation F ou G. Et de donner à l'acquéreur potentiel une estimation des frais qui sera nécessairement prise en compte au moment de négocier le prix de vente.

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Or, selon Sidiane, « les méthodes et les logiciels de calcul et de chiffrage de travaux ne sont pas encore stabilisés ». Et les diagnostiqueurs n'ont donc pas encore pu se les approprier. Une réunion est prévue le 24 mai avec les fédérations de diagnostiqueurs immobiliers, les éditeurs de logiciels et les équipes de l'administration afin de définir « la trame » du futur audit. « Il est évident que nous ne serons pas prêts au 1er septembre, ce n'est pas raisonnable », s'inquiète son président, Jean-Christophe Protais.

Président d'un autre syndicat, la Fidi, qui avait plaidé pour le premier report, Lionel Janot estime, au contraire, que « c'est réalisable. » Confiant, il remarque que « les formations sont en train d'être dispensées ou proposées. Le travail n'est pas fini mais il avance et il nous reste du temps. », assure-t-il.

Plus de « passoires thermiques » que prévu

Mais Sidiane s'inquiète que ne se reproduise le couac du nouveau DPE , entré en vigueur au 1er juillet 2021, et qui n'a été réellement opérationnel qu'en novembre. « Nous avons perdu plusieurs mois et il a fallu rééditer 220.000 DPE », rappelle son président. Qui craint aussi « un blocage des transactions » à la rentrée, si les audits énergétiques ne peuvent pas être réalisés, alors que le marché de l'immobilier ancien a déjà connu un sérieux coup de frein ces derniers mois.

« Nous ne sommes pas sur les mêmes volumes que pour le DPE. L'audit ne concerne pas tout le patrimoine immobilier ni même toutes les maisons, il n'y a pas de raisons d'être alarmiste », tempère son homologue de la Fidi.

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Tous deux s'accordent, en revanche, pour dire que les données manquent afin d'avoir une vision claire du nombre de « passoires thermiques » qu'il va falloir traiter. Le gouvernement l'avait évalué à 4,8 millions. Il pourrait y en avoir plutôt 6 millions selon Sidiane, de 7 à 8 millions d'après la Fédération nationale des agents immobiliers (Fnaim). Pas de certitudes donc à ce sujet. Pourtant, chaque résultat de DPE est remonté à l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Celle-ci dispose donc de données pour réviser cette évaluation. « Nous lui avons demandé les retours exacts », indique Lionel Janot. Cela permettrait de mieux anticiper les travaux à réaliser.

Par Elsa Dicharry

Publié le 6 mai 2022 à 16:01

Mis à jour le 6 mai 2022 à 17:02

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