Le chauffage au gaz se fait progressivement chasser des logements neufs

Les maisons neuves chauffées au gaz sont une espèce en voie de disparition. Si la nouvelle réglementation environnementale, dite « RE2020 » entrant en vigueur au 1er janvier 2022, n'interdit pas formellement le recours à cette énergie fossile, elle entend « marquer une rupture majeure ».

Comment ? En fixant un seuil maximal d'émission de gaz à effet de serre des bâtiments, les chaudières à gaz devraient être naturellement exclues des solutions envisagées lors de la construction. « L'enjeu est de cesser d'utiliser des énergies fossiles dans les bâtiments neufs, alors qu'aujourd'hui encore les logements chauffés intégralement au gaz sont majoritaires en constructions neuves », précise le dossier de presse du ministère de la Transition écologique.

D'autres solutions possibles

Pour les maisons individuelles neuves, ce seuil est fixé à 4kg de CO2 par mètre carré par an (kgCO2/m2/an). Selon les données du ministère, « une maison moyenne existante chauffée au gaz émet près de 5 tonnes de CO2/an, la même maison aux normes RE2020 émettra moins de 0,5 tonne ». « Le gaz n'est pas interdit en maison individuelle, il y a simplement des contraintes plus fortes qui s'exercent », estime pour sa part Emmanuel Bavoux, responsable du pôle marchés au sein de la direction développement de GRDF.

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Pour celui-ci, il existe plusieurs « solutions techniques comprenant du gaz pour chauffer des logements neufs individuels dans les lotissements déjà desservis en gaz ». Comme les chaudières à très haute performance énergétique couplées à un chauffe-eau thermodynamique. « Dans tous les autres cas, la PAC hybride gaz reste tout de même la solution de référence pour les maisons au gaz en RE2020. Elle était d'ailleurs déjà mise en oeuvre dans le cadre de la RT2012 », rappelle Emmanuel Bavoux.

Absence du biométhane

D'ailleurs, 60 % des logements individuels neufs sont déjà équipés de pompe à chaleur. La nouvelle réglementation ne devrait donc pas fortement affecter la consommation de gaz. « Les volumes concernés ne seront pas tout de suite importants. De toute façon, ce sont des logements dont la consommation va se réduire car mieux isolés donc moins gourmands en énergie », note Thierry Chapuis, délégué général de l'Association française du gaz (AFG).

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Pour l'AFG, « le point le plus important c'est la place du gaz renouvelable » dans cette nouvelle réglementation. « Il y a des endroits où il n'est pas possible d'installer une pompe à chaleur, ou alors cela coûte cher », ajoute Thierry Chapuis. L'association a donc déposé un recours devant le conseil d'Etat pour demander que le biométhane fasse partie des solutions envisagées dans la RE2020.

Un deuxième recours

L'AFG a également déposé un deuxième recours contre deux coefficients : les facteurs d'énergie primaire (combien il faut réellement d'énergie pour fabriquer l'énergie finale consommée par le client) et le taux d'émission de CO2 de l'électricité. Pour les acteurs du gaz, ces deux coefficients ont été mal évalués au profit de l'électron.

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« Ces valeurs ont été déterminées au bout de deux ans de concertation publique », répond Jean-Philippe Laurent, directeur stratégie et développement du pôle clients d'EDF. « L'électricité en France est largement décarbonée, même à la pointe car il y a de plus en plus d'énergies renouvelables. Et le coefficient d'énergie primaire pris en compte par la RE2020 est même supérieur à celui fixé par l'Europe », ajoute-t-il.

Les immeubles en 2025

Pour les professionnels du gaz, l'intégration du biométhane comme solution de chauffage dans la nouvelle réglementation est d'autant plus importante que les logements collectifs seront bientôt soumis eux aussi à des normes plus drastiques. Les immeubles, dont 75 % des constructions neuves sont chauffées au gaz, bénéficient pour l'heure d'un sursis jusqu'en 2025. Les pompes à chaleur permettant de répondre à leurs besoins ne sont en effet pas totalement au point.

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Après cette date, « le seuil [d'émission de gaz à effet de serre, NDLR] sera ramené à 6,5 kgCO2/m2/an, excluant de fait le chauffage exclusivement au gaz », précise le ministère de la Transition écologique. De quoi impacter un peu plus fortement le niveau de consommation.

Par Enrique Moreira

Publié le 30 déc. 2021 à 10:00

Mis à jour le 31 déc. 2021 à 15:14

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