Logement neuf : ce qui va changer avec la nouvelle réglementation environnementale

La RE2020 - nouvelle réglementation environnementale pour la construction neuve - va entrer en vigueur pour les maisons et les immeubles résidentiels pour lesquels un permis de construire est déposé à partir du 1er janvier 2022. Mais ce n'est que sa première phase, « les exigences seront progressivement renforcées tous les trois ans jusqu'en 2031 », indique le ministère de la Transition écologique. Tour d'horizon des principaux changements pour les logements neufs.

· Une meilleure isolation des immeubles et des maisons

La précédente réglementation dite « RT2012 » avait déjà renforcé les normes d'isolation des bâtiments, la RE2020 va encore plus loin. La ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, avait annoncé la couleur il y a un an : « Le nouvel indicateur phare de cette norme sera le Bbio, qui mesure le besoin de chaleur et donc l'isolation du bâtiment. L'indicateur Bbio sera 30 % plus exigeant par rapport à la norme thermique RT2012 actuelle […]. Si aujourd'hui un habitant a une facture d'énergie de l'ordre de 300 euros par an dans son logement neuf, demain, toutes choses égales par ailleurs, ce sera 200. »

La promesse d'une baisse d'un tiers de la facture d'énergie est tempérée par les professionnels. « Le client gagnera en confort, mais cela ne sera pas forcément très perceptible par rapport aux précédentes maisons neuves. Et sa facture d'électricité baissera un peu mais ne fondra pas. En revanche, la différence pourra être importante par rapport aux maisons anciennes. Car c'est bien dans le parc ancien que l'on trouve les passoires thermiques », estime Loïc Vandromme, secrétaire général d'Hexaom, le premier constructeur de maisons en France,

· Une diminution de « l'impact carbone » du bâtiment

Ce qui change fondamentalement, avec la RE2020, c'est la prise en compte du poids carbone du bâtiment, dans sa construction (selon les matériaux employés) puis dans son usage (type de chauffage, ventilation, etc.). « Il n'y aura pas de matériaux proscrits. Mais nous allons utiliser davantage de bois, de matériaux biosourcés… Et nous allons réduire les masses de matériaux utilisés », explique Frank Hovorka, directeur technique et innovation de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

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Le calcul du poids carbone favorise le biosourcé et le recyclé. Il « pourra, par exemple, nous pousser à opter pour une isolation en laine de verre recyclée plutôt qu'en polystyrène », remarque Loïc Vandromme.

L'incitation à décarboner s'accentuera d'ici à 2031 car la RE2020 va progressivement abaisser le plafond de poids carbone maximal des bâtiments, mesuré en kilo de CO2 par mètre carré (kg CO2/m2).

Pour 2022, il est fixé assez haut, à 640 kg CO2/m2 pour les maisons individuelles par exemple (750 pour les logements collectifs, du fait du plus grand besoin de béton armé, très carboné). Mais les prochains paliers seront bien plus exigeants. Pour les maisons, le plafond tombera à 530 en 2025, puis 475 en 2028 et enfin 415 à partir de 2031 (490 pour le collectif).

· La fin du gaz fossile pour le chauffage

Fini les chaudières à gaz d'ancienne génération. Ou tout du moins à gaz fossile. Elles ne sont pas formellement interdites. Mais pour respecter le plafond de poids carbone de la RE2020, elles seront de facto vite exclues , dans les maisons neuves dès 2022 et dans les immeubles neufs à partir de 2025.

« Pour les logements collectifs, le principal changement avec la RE2020 sera l'équipement de chauffage, en 2025 », juge Christophe Boucaux au pôle habitat de la Fédération française du bâtiment.

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« Cet arrêt du gaz aura davantage de conséquences pour les promoteurs que pour les constructeurs de maisons, confirme Loïc Vandromme. Nous ne mettions plus de chaudières à gaz que dans 20 % de nos maisons, et à 80 % des pompes à chaleur. Alors que les promoteurs ont encore du gaz dans 80 % de leurs projets » de logements collectifs.

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) note que les chaudières à biométhane pourraient venir se substituer aux chaudières à gaz fossile, mais que pour l'heure, la réglementation ne le permet pas. Les fournisseurs de gaz indiquent aussi la possibilité d'installer des systèmes hybrides.

· La prise en compte du confort d'été

Autre grande nouveauté : l'amélioration du confort d'été - afin d'éviter que maisons et appartements ne se transforment en étuves en cas de fortes chaleurs. Jusqu'à présent, seul le confort d'hiver était pris en compte. « Il s'agit de mettre en place des brasseurs d'air, des systèmes de ventilation naturelle et pourquoi pas des systèmes de climatisation - mais beaucoup plus performants que les climatiseurs individuels que les particuliers peuvent aller acheter », indique Frank Hovorka.

Les volets électriques avec détecteurs photovoltaïques, qui se ferment tous seuls lorsque la température monte, vont aussi être davantage utilisés.

Par Elsa Dicharry, Myriam Chauvot

Publié le 29 déc. 2021 à 17:32

Mis à jour le 29 déc. 2021 à 18:04

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