Le prix des logements neufs n'échappera pas à une hausse significative en 2022. À l'occasion du bilan de l'année qui s'achève, la Fédération française du bâtiment (FFB) a sorti sa calculette. « Les coûts ont augmenté de 5 % sur les douze mois arrêtés à fin août 2021, et, dans un secteur où la marge moyenne n'est que de 2 % à 3 %, il sera inévitable de les répercuter », a indiqué la fédération lors d'un point presse jeudi.
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La première source d'inflation est la flambée du prix des matériaux. Entamée en janvier 2021 , elle se poursuit . « Nous ne sommes plus sur des augmentations de 15 % à 20 % tous les deux mois, mais nous ne sommes pas encore au pic. Les fournisseurs avertissent de nouvelles hausses au 1er janvier 2022 allant de 5 % à 15 %, selon les matériaux », a prévenu le président de la FFB, Olivier Salleron. Fin octobre 2021, comparés à fin 2020, « les produits en PVC se sont renchéris de 62 %, voire plus, les produits en acier de 70 %, le bois a augmenté de 100 %. Certains parlent de baisse du prix du bois, c'est faux, pas pour les entreprises du bâtiment ! » a-t-il insisté.
Surcoût RE2020
Du fait de la flambée de l'énergie, les produits fabriqués en France à partir de ressources abondantes ne sont pas épargnés. Ainsi, les hausses du prix du ciment, prévues au 1er janvier 2022, vont de 5 % à 15 %. Idem pour les graviers entrant dans la composition du béton. Point P a déjà prévenu ses clients : début 2022, il faudra prévoir, par exemple, une augmentation de 7 % pour du béton prêt à l'emploi.
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A cela va s'ajouter le surcoût généré par la nouvelle norme RE2020 applicable à la construction neuve le 1er janvier 2022. Elle sera sans impact avant 2025 pour le logement collectif, où les mesures sont plus progressives, mais s'applique d'emblée aux maisons individuelles pour lesquelles « elle devrait se traduire par un surcoût de 3,5 % sur le prix total d'une maison individuelle, foncier compris », selon la FFB.
Les maisons individuelles neuves s'étaient déjà renchéries de 7 % en moyenne cette année. « La hausse risque d'être similaire en 2022, si on ajoute au surcoût de la RE2020 l'effet lié aux matériaux et à l'énergie », a précisé Olivier Salleron.
Surcoût dû au recyclage
Dernier facteur d'inflation en vue : la mise en place d'une filière de recyclage des déchets du bâtiment. Son effet sur les coûts de construction ne se fera pas sentir tout de suite, puisque son démarrage opérationnel a été reporté à janvier 2023, mais « elle devrait avoir un impact d'environ 5 % sur le coût de construction, contre 1 % à 2 % aujourd'hui de coût de la gestion des déchets », calcule-t-on à la FFB.
Hausse d'activité en 2022
Ces facteurs d'inflation n'empêchent pas l'activité du bâtiment de remonter la pente. Elle s'affichera encore en repli de 5 % en 2021 par rapport à 2019, mais « la bonne tenue de l'individuel neuf, du segment des bâtiments industriels et assimilés, ainsi que le décollage de la rénovation lui permettront quasiment de sortir de l'ornière en 2022 », selon la FFB, qui table sur une hausse de 4,3 % de l'activité du secteur l'an prochain, soit un quasi-retour au niveau d'avant la crise sanitaire (- 0,9 % comparé à 2019).
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« Nous sommes optimistes, car les carnets de commandes sont bons », a souligné Olivier Salleron. Le corollaire devrait être la création nette de 25.000 emplois en 2002, en sus d'environ 60.000 cette année . Cela malgré une rechute de la rentabilité opérationnelle des entreprises du bâtiment au troisième trimestre 2021, du fait de l'inflation des coûts.
Les travaux de rénovation des bâtiments existants sont portés par la rénovation énergétique des logements et vont aussi l'être en 2022 par le programme de rénovation des bâtiments de l'Etat. Par ailleurs, la construction neuve de logements se redresse. Elle reste en retrait de 5,8 % cette année par rapport à 2019, mais du fait d'un nombre de permis de construire accordés élevé, la FFB table sur une progression de 7,3 % de la construction résidentielle en 2022, pour dépasser le niveau d'avant la crise sanitaire. Le logement collectif en zones tendues reste en chute, tout comme les commerces et bureaux neufs, effet Covid oblige.
Par Myriam Chauvot
Publié le 9 déc. 2021 à 17:09
Mis à jour le 10 déc. 2021 à 10:02
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